Psychanalyse & écriture poétique
Comment penser le rapport du dit et de l’écrit ? A partir de cette passion, véritable obsession, Joseph Attié nous livre une recherche minutieuse et très personnelle.
Entre le dit et l’écrit. Psychanalyse & écriture poétique, Joseph Attié, Ed. Michèle
Comment penser le rapport du dit et de l’écrit ?
Voilà la passion qui conduit Joseph Attié à une recherche minutieuse et très personnelle. Le ton est d’emblée posé : la question n’a cessé de l’obséder.
Elle trouvera tout au long de son ouvrage différentes déclinaisons, depuis la parole analysante jusqu’à écrit poétique.
Qu’est-ce qui s’écrit donc dans une parole analytique ou dans un texte poétique ? Dans les deux cas, c’est le sujet de l’inconscient qui opère, seul diffère le lieu d’adresse. La question du transfert est cruciale pour penser l’écart entre le dit poétique et le dit psychanalytique. Impossible de faire l’impasse sur le sujet. Mais « reste à savoir pourquoi cela passe parfois par le divan et parfois par la feuille blanche » !
Rendant hommage à Freud, J. Attié aborde le rêve comme une écriture. Peut-on dire que d’un rêve à un autre, quelque chose s’écrit pour le sujet ? La cure analytique relève d’un paradoxe entre « le dit et l’écrit », entre une parole volante destinée à s’effacer aussitôt et une trace indélébile qui rejoint le privilège accordé en principe à l’écriture. Car, la cure elle-même ne constitue-t-elle pas un écrit ?
J. Attié nous permet d’entendre la disjonction entre ce qui s’entend et ce qui s’écrit, entre le signifiant et la lettre. Et, pour éclairer cette disjonction, il nous plonge avec finesse dans l’écriture poétique des œuvres de Stéphane Mallarmé, Francis Ponge et René Char, éclairée par le travail de James Joyce sur la langue, ouvrant à la clinique borroméenne.
Ce livre passionnant est l’œuvre d’un analyste-poète généreux qui nous fait partager l’expérience de sa propre cure et de la fonction de la poésie dans le traitement du réel en jeu.
Ana Ines Vasquez