MON PANIER

    Pour affiner la recherche, utilisez les filtres ci-dessus 

A la une

Sortir du discours capitaliste

La Cause du désir n° 105 – Juin 2020

15.17 

En stock

Quantité :

Présentation

Les psychanalystes auraient-ils des choses à dire sur le capitalisme ? 

Jacques Lacan a proposé le discours du capitaliste pour saisir l’enjeu de la circulation des marchandises dans le monde et de la plus-value formalisée par Marx, reformulée en plus-de-jouir. Avec son aversion pour la perte, le discours du capitaliste relève plus du circuit, car ici, contrairement aux quatre discours inventés par Lacan en 1969, aucune barrière n’entrave la jouissance, ni la satisfaction. C’est le règne du plus-de-jouir sans frein. Les conséquences envahissent aujourd’hui le devant de la scène : ravalement et perte du sens de la parole chez les êtres parlants, aliénation aux objets de consommation que le fantasme fondamental soutient, délitement du lien social, etc. Si le discours du capitaliste « ne veut rien savoir des choses de l’amour », Lacan y entrevoit une sortie « qui ne sera pas un progrès si c’est seulement pour quelques-uns ».

Quelques clés de lecture dans ce numéro de La cause du désir.

Points forts

  • Un texte inédit de Jacques Lacan.
  • Un entretien avec Eva Illouz, Jean Cartelier, Olivier Favreau et Isabelle Thireau
  • Un article inédit de Jacques-Alain Miller.

 


Sommaire

ÉDITORIAL
« La crise du discours capitaliste est ouverte », Fabian Fajnwaks

EVÈNEMENT
Laissez-les grandir ! Sur les arguments des pédophiles militants, François Regnault

ARCHIVES LACAN
Le nœud R.S.I. et le non-rapport sexuel, Laura Sokolowsky

À la lecture du 17 décembre, Jacques Lacan

LA PSYCHANALYSE AU XXIe SIECLE

Responsables, Pascale Fari

Jouer la partie, Jacques-Alain Miller

HOMMAGE

La question des hallucinations verbales chez Lacan, François Sauvagnat

FREINER LE CIRCUIT
Variante(s), Jacqueline Dhéret
Soubresauts, Françoise Labridy
Le discours comme sortie du capitalisme, Philippe La Sagna

L’insurrection du symptôme, Véronique Voruz
Par ici la sortie, Bernard Lecœur
Distance sociale et extimité, Miquel Bassols
La liberté ou la mort, François Ansermet
Après lockdown, start-up ? Anne Ganivet-Poumellec

RENCONTRE AVEC JEAN CARTELIER ET OLIVIER FAVEREAU
Le capitalisme à la question. Conversation avec deux économistes, propos recueillis par Gilles Chatenay

UNE ŒUVRE ET SON INVITÉ À ÉCRIRE

Banksy : Love in the bin ? Yves Depelsenaire

RENCONTRE AVEC EVA ILLOUZ
Le capitalisme et La fin de l’amour, propos recueillis par Fabian Fajnwaks

Férocité, cruauté et méchanceté dans les rapports entre les hommes et les femmes, Pierre Naveau

LA PASSE, AVENTURE DU SIÈCLE
À / quoi je sers / serre ? Bénédicte Jullien
L’analyse, le sentiment d’un risque absolu, Clotilde Leguil

Défaire le business inconscient, Aurélie Pfauwadel

RENCONTRE AVEC ISABELLE THIREAU
Les couloirs de la confiance, propos recueillis par Ariane Chottin, Fabian Fajnwaks et Omaïra Meseguer

EXPLORATIONS
Lacan, l’interprétation et le Zen, Franck Rollier

Un parallélisme chinois de Lacan 懂得 Tong Tö, Nathalie Charraud avec Zhang Tao

ISSUES
De ça sert à ça serre, Daniel Pasqualin
Antisystème, Marie-Hélène Blancard
Sans domicile fixe, Romain-Pierre Renou
L’effondrement du businessman, Stéphanie Lavigne
« Me bonifier », René Fiori
Le masque d’une jouissance monstrueuse, Dominique Corpelet

PARCOURS
Subvertir le discours psychiatrique : vignettes choisies, Jean-Jacques Bouquier

UN MIROIR DE NOTRE CIVILISATION : CINÉMA
Toni Erdmann ou la poétique de l’acte face au discours des marchés, Camilo Ramirez

HISTOIRE
Foucault peintre, Pierre Sidon

À LA LETTRE
Les Furtifs, Agathe Sultan

BRÈVES
Martine Versel, Ariane Oger, Sylvie Goumet et Daphné Leimann

FENÊTRES – RENCONTRE AVEC PATRICK LE BESCONT

« Tout peut arriver », l’invention de Gilbert Garcin, propos recueillis par Ariane Chottin


Éditorial

FABIAN FAJNWAKS : « LA CRISE DU DISCOURS CAPITALISTE EST OUVERTE »

Sortir du discours capitaliste et non pas du capitalisme : lorsque Jacques Lacan pointe qu’il y a une sortie, il ne pousse pas les foules à Occupy Wall Street, il ne propose pas la création d’un parti politique des psychanalystes et garde une distance avec la possibilité de cette sortie dont il dit, avec une pointe d’ironie, qu’elle « ne constituera pas un progrès, si c’est seulement pour certains »[1], et le lecteur de Lacan sait la réserve qu’il entretient avec toute idée de progrès.

« Le discours du capitaliste ne veut rien savoir de la castration, il forclôt les choses de l’amour », nous dit Lacan dans Je parle aux murs. Cette aversion pour la perte le pousse à faire circuler entre les quatre termes de son architecture ce qui vient à la place : la jouissance, et à ravaler l’amour au rang des marchandises franchisées. Pour la psychanalyse, l’amour occupe une toute autre place, celle d’un levier via le transfert, qui permet à chacun de savoir quelque chose de cette part maudite qui l’habite et le pousse à se brancher sur ce circuit : et ça, ce n’est pas rien… comme disait Lacan. C’est inoculer la « pst »[2] vers laquelle Lacan nous guide pour que chacun entende comment il jouit du sens.

Comment sortir de ce discours « drôlement astucieux », qui constitue une variante du discours du maître dans lequel l’impossibilité qui fait barrière à la jouissance disparaît, au profit d’un circuit qui produit un plus-de-jouir ?

Il n’est pas sûr que ce circuit constitue à proprement parler un discours, au sens que Lacan donne à ce terme ; mais du fait de ce circuit, chacun des quatre autres discours se trouve aujourd’hui relégué au statut de semblant, dénudant une pente au retour du discours du maître en politique et à l’alliance de plus en plus intime du discours univer-sitaire avec l’idéologie néolibérale.

C’est du côté du rapport au plus-de-jouir qu’une sortie se dessine, car la voie que Lacan indique est celle du saint qui, contrairement au capitaliste qui l’accumule, décharite la jouissance – néologisme qui résonne avec charité et déchet dont il se fait semblant. Ce plus-de-jouir désigne la dépense improductive et la dimension anti-utilitariste au cœur du symptôme dont une cure vise l’extraction jusqu’au noyau irréductible du sinthome. La sortie se fait donc par consumation de ce qui cherche à se consommer dans la satisfaction paradoxale du symptôme. C’est cette satisfaction que le circuit du capitalisme exploite, car le lien qui lie le sujet à l’objet plus-de-jouir et s’appuie sur le fantasme fondamental de chacun n’y rencontre aucune barrière.

Lacan a élaboré le plus-de-jouir à partir de l’analyse de Marx de la plus-value : le passage d’un capitalisme industriel au capitalisme financier réaffirme ce modèle – les capitaux circulant de la finance s’appuyant sur la production de marchandises qui donnent une valeur aux actions, fonds de pension et autres capitaux flottants. Aujourd’hui nous atteignons ce que Yann Moulier-Boutang a appelé le capitalisme cognitif. Lacan entrevoyait-il dès 1969 la portée qu’allait prendre ce qu’il appelait le marché du savoir qu’il pointait avec la crise du discours universitaire ?

[1] Lacan J., « Télévision », Autres Écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 520

[2] La « pst », c’est-à-dire la peste, que Lacan réfère à la célèbre anecdote rapportée par Jones selon laquelle Freud, arrivant en Amérique, aurait dit : « Nous leur apportons la peste ».

 


 

Poids 0.380 kg
Auteur

Éditeur

,

Date de publication

Juin 2020

Nombre de pages

192

EAN

9782374710303

Loading...

En continuant à utiliser le site, vous acceptez l’utilisation des cookies. Plus d’informations

Les paramètres des cookies sur ce site sont définis sur « accepter les cookies » pour vous offrir la meilleure expérience de navigation possible. Si vous continuez à utiliser ce site sans changer vos paramètres de cookies ou si vous cliquez sur "Accepter" ci-dessous, vous consentez à cela.

Fermer