L’approche de la féminité, comme Autre jouissance, constitue la substantifique moelle d’une cure qui s’oriente du réel, autrement dit d’une cure lacanienne.
À partir de cette expérience, l’analyste, débarrassé autant que cela est possible de l’illusion d’un idéal, peut occuper une fonction dans la cité et orienter le débat civil, pour reprendre les termes de J.-A. Miller lors de la création du mouvement Zadig. La question est donc politique.
Féminité et politiquese révèlent être des enjeux essentiels pour une école de psychanalyse dans laquelle lacanien n’est pas l’adjectif d’un phénomène mais bien celui d’une orientation vers le réel. Tel est le parti pris de ce numéro de Rivages.
Présentation
À l’heure où l’existence de la psychanalyse est un enjeu épistémique et politique, ce numéro 26 du bulletin de l’ACF Estérel-Côte d’Azur, Rivages, sous le titre « Féminité & Politique », apporte sa contribution aux débats d’aujourd’hui sur la féminité telle que la psychanalyse a pu l’aborder depuis l’invention freudienne. Lacan, dépassant la question initiée par Freud : « Que veut la femme ? », a ouvert une voie nouvelle, offrant des perspectives inédites qui mettent en lumière la jouissance supplémentaire propre à la position féminine – véritable bouleversement de ce qui ne s’ordonnait jusqu’alors que de la jouissance phallique.
Dans ce numéro, les conférences de trois Analystes de l’École (AE), Dalila Arpin, Clotilde Leguil et Laurent Dupont, illustrent, avec la singularité qui leur est propre, ce qu’est une analyse menée jusqu’à la passe que l’on soit homme ou femme. La question de la féminité a fait l’objet du colloque de l’ACF-ECA sous le titre : « La part féminine des êtres parlants ». Clotilde Leguil, dans sa conférence, a éclairé la façon dont la question de la féminité s’est jouée, pour elle, entre lumière et opacité, découvrant la jouissance, comme expérience d’un réel qui ne peut se dire sauf à se réduire à une « lettre suspendue ».
Vous trouverez également des textes qui mettent l’accent sur la dimension politique de l’engagement des analystes dans les grands débats de l’époque : témoignages des Forums qui se sont déroulés en Europe ces deux dernières années mais aussi productions d’un cartel sur « Psychanalyse & politique ». Enfin, Rivages vous mènera sur les rives de « L’adolescence, un nom du désordre », conférence de Sophie Marret-Maleval, psychanalyste et membre de l’ECF qui vient, tel un point d’orgue, nous rappeler que la psychanalyse ne recule pas devant les embrouilles des parlêtres à tous les âges de la vie.
Chantal Bonneau
SOMMAIRE
Éditorial, Isabelle Orrado
L’ANALYSANT, L’ANALYSTE, L’ÉCOLE
« Destin du transfert à la fin de l’analyse », Conférence de Laurent Dupont
« Pourquoi se marier au XXIe siècle ? », Conférence de Dalila Arpin
LA PART FÉMININE DES ÊTRES PARLANTS
Les billets d’annonce du colloque, Audrey Prévot, Sabrina Kernachi, Philippe Giovanelli, Christian Sivilotto, Annie Ardisson, Chantal Bonneau
Introduction, Chantal Bonneau
Brèves de cartel
« Au-delà du mystère », Sabrina Kernachi
« La part de jouissance supplémentaire chez le parlêtre », Christian Sivilotto
« Qu’apprendre du féminin ? », Philippe Giovanelli
« La part féminine, de l’absence d’un signifiant à une jouissance désinvolte », Annie Ardisson
Cas cliniques
« Pour quelques mots d’amour… », Audrey Prévot
« Je suis un homme avec une sensibilité », Jessica Choukroun
Conférence
« L’analyse comme expérience de la féminité, entre lumière et opacité », Clotilde Leguil
Conclusion, Chantal Bonneau
LA QUESTION EST POLITIQUE
« En direct des Forums Européens de Psychanalyse », Corinne Catel, Audrey Prévot, Fouad Ben Khalifa, Corinne Rebibo
Psychanalyse et politique
« Une solution lacanienne à la globalisation et à ses conséquences », François Bony
« L’inattendu humain », Frank Rollier
« Quelle école pour la singularité ? », Philippe Giovanelli
« Le pas-tout et la politique », Chantal Bonneau
« Le corps des femmes, un objet politique », Annie Ardisson
L’ADOLESCENT DANS L’ÉPOQUE
« L’adolescence, un nom du désordre », Conférence de Sophie Marret-Maleval