Éditorial
Corps parlants
Catherine Lazarus-Matet : Les paradoxes du corps parlant
Serge Cottet : Actualité du corps hystérique
Gérard Wajcman : Le miroir du stade. Lacan aux Jeux de Berlin
Les états d’urgence du corps
Miquel Bassols : Le corps parlant et ses états d’urgence
Marcus André Vieira : La voix, la résonance et la balle
Juan Fernando Perez : L’angoisse, le corps parlant et les urgences subjectives
Óscar Zack : L’urgence : un nouveau sophisme ?
Patricia Bosquin-Caroz : Après-coup
Christiane Alberti : Les états d’urgence
Question d’École
Christiane Alberti : Ce que peuvent les corps parlants
Jacqueline Dhéret : Dire, restituer
Pierre-Gilles Guéguen : Portrait de l’inconscient dans les cures de 2015
Aurélie Pfauwadel : La passe : un escabeau paradoxal
Du côté de la passe
Laurent Dupont : Un ado sur l’escabeau
Hélène Guilbaud : De la dépouille au Un-tout-seul
Jérôme Lecaux : La croix et la barrière
Michèle Elbaz : Grotesque
Enseignement de la passe : opacité et approches du réel
Esthela Solano Suárez : Opacité et approches du réel
Laurent Dupont : Au bord du vide
Véronique Voruz : « Le bon vieux Dieu »
Dominique Holvoet : Satisfaction et opacité en fin d’analyse
Danièle Lacadée Labro : Trous et bords
Éditorial
Les états d’urgence en psychanalyse, se conjuguent de plusieurs façons dans ce numéro 114 de Quarto.
État d’urgence, évidemment, c’est d’abord un état légal fixé par des règles de sécurité que nous avons à respecter. Cette mesure se justifie par divers moments d’attentats, de tueries, qui ont été perpétrés en France et en Belgique et plus récemment à Nice, et qui touchent de plein fouet notre communauté, comme le lien social en général. L’ECF avait pris en novembre 2015, la décision de ne pas tenir ses 45es Journées. Ce fut une première pour l’École. Mais elle n’en resta pas muselée, loin de là !
Après-coup, il est normal de se demander comment va pouvoir évoluer la psychanalyse, car elle dépend aussi de la nécessité du rassemblement des corps parlants.
L’urgence, c’est encore les collègues qui témoignent du travail clinique qu’ils font pour rencontrer les victimes de ces attentats. Des corps parlants que les balles ont frappés. Mais le point d’impact du réel traumatique sur le corps parlant, ne se limite pas à cette situation de notre actualité politique et sociale.
Quand le réel frappe ou plutôt surgit, pour le parlêtre, l’état d’urgence est là, de façon singulière pour chacun. D’une certaine manière, c’est toujours un attentat, qui laissera des stigmates sur le corps du parlêtre. Le sexuel en fait partie et bien d’autres choses, en corps ! C’est aussi ce réel-là qui pousse à aller consulter un psychanalyste et à s’y nouer dans le transfert. Pour traiter ce point d’impact intime.
Ce numéro se veut aussi la trace de cette nécessité-là de témoigner de notre orientation de la cure et de la formation du psychanalyste avec la passe comme horizon. En 1976 Lacan parle des cas d’urgence avec lesquels il tente de faire la paire. Il nous dit qu’il se doit d’écrire là-dessus. « J’écris pourtant, dans la mesure où je crois le devoir, pour être au pair avec ces cas, faire avec eux la paire »(1).
Comment faisons-nous la paire avec les cas d’urgence? C’est une question que pose Lacan surtout à ceux qu’il appelle les épars désassortis, ceux qui se risquent à témoigner de la vérité menteuse, à partir de leur sinthome et de leur escabeau, les AE en exercice. Ce numéro leur consacre une large part. C’est notre manière de répondre, par nos publications et par notre orientation, plus que jamais tournées vers l’extérieur, à l’appel de Lacan qui disait : «Tant qu’une trace durera de ce que nous avons instauré, il y aura du psychanalyste à répondre à certaines urgences subjectives(2).
Tenons-nous prêts !
Daniel Pasqualin
(1) Lacan J., « Préface à l’édition anglaise du Séminaire XI », Autres Écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 573.
(2) Lacan J., « Du sujet enfin en question », Écrits, Paris, Seuil, 1966, p. 236.