Confluents n°73 prend la forme d’un ouvrage collectif où la question de l’attentat sexuel est mise en question à l’aune de la création artistique. Les auteurs tentent d’approcher deux grandes questions : l’art peut-il faire attentat ? l’art peut-il faire traitement de ce qui a fait attentat ?
Ce numéro fait suite au Bibliothèque Confluents Psychanalyse et écriture. De sublimation et de pulsion, il est une fois encore question. Son titre, Echos dans l’art du fait qu’il y a attentat, nous invite d’emblée à penser une question, à l’argumenter plutôt qu’à trouver une voie unique à ce nouage qui a nous occupés tout le long de la préparation des cinquantièmes Journées de l’ECF « Attentat sexuel ». Ce nouage c’est celui que l’on trouve avec l’art. Son titre, clin d’œil à l’une des définitions de Lacan de la pulsion, « l’écho dans le corps du fait qu’il y a un dire », fait entendre le pulsionnel dans la création artistique. L’attentat, lui-même, peut être un dire qui touche le corps.
Ce numéro se découpe en quatre grandes parties. Elles suivent la singularité de chaque art questionné sur attentat sexuel. Une boussole ouvre chaque partie pour nous faire saisir une question, un point d’attache précieux pour chacun des auteurs – Bernard Lecoeur, Bénédicte Jullien, Virginie Leblanc, Carolina Koretezky. Ces textes d’orientation sont une invitation à lire les travaux de nos collègues, réunis pendant plusieurs mois en cartel, en présence enthousiaste d’extimes autour de ce nœud fécond – art et psychanalyse – avec la peinture, le théâtre, la littérature et le cinéma.
SOMMAIRE:
Éditorial par Emmanuelle Chaminand Edelstein
ATTENTAT SEXUEL et peinture
BOUSSOLE de Bernard Lecoeur – Un moment esthétique comme attentat
Virginia Rajkumar – Quand un sexe se fait attentat
Assia Gouasmi-Chikhi – L’Origine du monde au modèle porte-veine – Un secret connu de tous
Assia Gouasmi-Chikhi, Jocelyne Lamotte, Brigitte Lehmann, Dominique-Paul Rousseau – L’ombilic de la peinture, la nudité attentatoire
Brigitte Lehmann – Une pudeur éblouissante
ATTENTAT SEXUEL et théâtre
BOUSSOLE de Bénédicte Jullien – Théâtre et attentat sexuel
Jérémie Retière – De quel attentat Phèdre est-elle le nom?
Xavier Gommichon – Attentat contre le désir
Andréas Matthaiou – De La Belle au bois dormant à La Reine des neiges
ATTENTAT SEXUEL et littérature
BOUSSOLE de Virginie Leblanc – L’attentat sexuel, à la lettre
Emmanuelle Chaminand Edelstein – « Dans le jardin de l’ogre »- Attent (a) t sexuel et ad-diction
Commentaire de Clotilde Leguil – Sur le texte de Emma Edelstein « Dans le jardin de l’ogre » de Leïla Slimani
Alice Ha Pham – #Silence
Marie Lévénès-Roussel – Sortir des figures imposées de la victime
Yves Arnoux – Attentat textuel
Isabela Barbosa Otechar – La rencontre entre la femme et le cafard: l’attentat qui ne permet pas de retour
Laurence Maman – Quelques ressorts du trauma sexuel et de la diversité de ses conséquences
ATTENTAT SEXUEL et cinéma
BOUSSOLE de Carolina Koretzky – Ce qui dans l’image se rencontre
Rosana Montani-Sedoud – Fixité de l’image et attentat sexuel
Commentaire de Beatriz Gonzalez-Renou – Douleur et gloire ou l’écriture d’une trace 132
Andrea Castillo-Denis – Almodovar… premier désir?
Marie-Dominique Darche – La réponse d’Héloïse, de la jouissance à l’amour 140
Anne-Cécile Le Cornec – Du balbutiement à l’étreinte
Remerciements
L’expérience picturale peut être une épreuve et porter atteinte au sujet, faire de lui un a-tenté. Par l’objet, par le trou. C’est un regard dirigé sur les dessous de ce qui se montre.
Bernard Lecoeur L’aveu de Phèdre de son désir pour Hippolyte ébranle l’ordre social du règne de Thésée et mène les protagonistes à un destin funeste, chez Racine. La révélation du fantôme du père, chez Shakespeare, entraîne une destruction du désir d’Hamlet le précipitant vers la mort. Bénédicte Jullien (…) exclue par la nature des choses qui est la nature des mots, une femme peut s’employer à circonscrire ainsi à la lettre même la béance, cerner les dires maternels pour mieux les tamponner et au mieux s’en séparer. Bien plus qu’un témoignage, l’œuvre littéraire a chance alors d’enfermer le corps-à-corps pour mieux le donner à sentir dans la chair des mots. Virginie Leblanc Un œil, celui de la caméra, arrive des fois à capter cet instant unique. Des cinéastes ont su filmer – et nous permettre par leur interprétation – de capter ces moments de fading du sujet, disparition qui signale la rencontre avec l’objet de désir. Carolina Koretzky |