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Celles qu’on dit femmes

La Cause du désir n° 103 – octobre 2019

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« Celles qu’on dit femmes »

Comment dire la femme alors qu’elle échappe à un tout normatif ? Quelles sont les incidences de la logique féminine dans les discours contemporains ?

Coup d’oeil

La femme, on la dit-femme, on la diffâme, car elle ne cesse d’échapper à un tout universel et normatif. Oser la bien-dire ? Tenter de l’écrire ?
À l’heure où le régime de la jouissance ne cesse de s’étendre, échappant aux normes qui cherchent à l’endiguer, les auteurs de ce numéro de La Cause du désir s’essayent à extraire un savoir sur la féminité.
Le supplément que le féminin comporte se décline dans l’illimité, l’incomplétude, l’inconsistant, l’intrépidité, le risque, la contingence…
 °°°
• Un texte inédit de Jacques Lacan.
• « Le corps dérobé » : Jacques-Alain Miller à propos du Ravissement de Lol V. Stein.
• Féminité et maternité, par Marie-Hélène Brousse.
• Une étude de François Regnault sur le livre de Frédéric Martel, Sodoma.
• Deux entretiens avec les essayistes Chantal Thomas et Anne Emmanuelle Berger.
• Une rencontre avec Olympia Bukkakis, performeuse Queer.
• Incidences de la logique féminine dans le lien social et les discours.
• Le féminin et ses transformations dans une analyse.

Sommaire

ÉDITORIAL
Extension du féminin dans le régime de jouissance contemporain, Fabian Fajnwaks °°°

VOLTAIRE AU VATICAN
« Comme un qui veut curer quelque cloaque immonde… » À propos de Sodoma de Frédéric Martel, François Regnault

ARCHIVES LACAN
« Le rapport sexuel est un rapport intersinthomatique », Laura Sokolowsky
Conclusions du IXe Congrès de l’École freudienne de Paris, Jacques Lacan

LA PSYCHANALYSE AU XXIe SIÈCLE
Présentation, Pascale Fari
Le corps dérobé. À propos du ravissement, Jacques-Alain Miller

FEMMES EN PSYCHANALYSE
Du rêve de La femme à l’invention d’une femme. Quelques ponctuations, Anne Lysy
Les femmes et le savoir – L’Arte della Gioia, Pierre Naveau
Phallus ou symptôme, Dominique Laurent

MÈRES PUBLIQUES / FEMMES PRIVÉES
La maternité, ravage du féminin, Marie-Hélène Brousse

ÉCLATS
Des hommes aussi bien que les femmes, Gil Caroz
Masochistes ou frigides : diffamations, Omaïra Meseguer
Parodies de jouissances, Rose-Paule Vinciguerra
Passages féminins chez Walter Benjamin, Maria Josefina Fuentes
Incidences féminines sur le discours, Francesca Biagi-Chai
Ⱥ-tendre à l’écriture, Bénédicte Jullien
Ève, Lilith, et ek-sistence, Yves-Claude Stavy
L’énigme du désir féminin, Marie-Hélène Blancard

RENCONTRE AVEC OLYMPIA BUKKAKIS
Euphorie du genre, propos recueillis par Philippe Lacadée

HISTOIRE
Genèse de la frigidité, Deborah Gutermann-Jacquet

RENCONTRE AVEC CHANTAL THOMAS
« Une autre écriture », propos recueillis par Virginie Leblanc et Ariane Chottin

CE QUE LA CLINIQUE NOUS ENSEIGNE
Se tenir pour femme, Bernard Lecoeur
Folie d’amour, Victoria Paz
Une lettre, Hélène Guilbaud
Fille de couleur, Véronique Pannetier
Une féminité insurmontable ? Fabien Grasser

RENCONTRE AVEC ANNE EMMANUELLE BERGER
Féminismes en mouvement, propos recueillis par Fabian Fajnwaks

EXPLORATIONS
Du pousse-à-la femme, Anaëlle Lebovits-Quenehen

LA PASSE, AVENTURE DU SIÈCLE
Mon rapport à S(Ⱥ), Daniel Pasqualin
J’étais les yeux de ma mère, Dominique Holvoet
Sans bornes, Fabian Fajnwaks
La position analytique c’est la position féminine, Laurent Dupont
Savoir avec son corps, Jérôme Lecaux
Consentir à s’orienter du féminin, Victoria Horne Reinoso
Le devenir des modes de jouir féminins après l’analyse et la passe, Anne Béraud

À LA LETTRE
« C’est d’ici que j’écris », Virginie Despentes, puissance de la profération, Virginie Leblanc
Annie Ernaux, la féminité au risque de se perdre, Elisabeth Pontier

UNE OEUVRE ET SON INVITÉ À ÉCRIRE
Dominique Blain, l’Éveillée, Gérard Wajcman

DÉTOURS
Féminiser la langue ?, Pascale Fari

LA VOIX DES SIRÈNES
« D’abord tu croiseras les sirènes qui ensorcellent », Ariane Chottin

BRÈVES DE DIVAN
Daniel Pasqualin, Sophie Gayard, Nicole Borie, Alice Delarue, Caroline Leduc

FENETRES – RENCONTRE AVEC ANNE-LISE BROYER
« C’est donc en lectrice que j’aborde le monde », propos recueillis par Ariane Chottin et Fabian Fajnwaks


Éditorial

Extension du féminin dans le régime de jouissance contemporain

Fabian Fanjwaks

La femme, « on la dit-femme, on la diffâme et ça d’origine » [1]. À défaut de trouver un signifiant qui la nomme, on en dit du mal, on la dit mal pourrait-on ajouter, ce que Jacques Lacan corrobore en soulignant que ce qui est resté dans l’histoire des femmes est infâmant. Ce numéro de La Cause du désir accompagne les 49e Journées de l’École de la Cause freudienne, qui a cherché – à rebours de l’Histoire – à arpenter dans le bien-dire ce qui des femmes et de la féminité peut être dit ; à s’intéresser à l’illimité qui dépasse toute logique universelle totalisante dans les cas cliniques ici présentés pour examiner comment le féminin peut s’exprimer au-delà de l’enclos phallique. Nous sommes allés interroger des Analystes de l’École, hommes et femmes pour savoir comment l’illimité et le sans borne s’est manifesté pour eux. Le destin de la demande d’amour pour des femmes arrivées à la fin de leur analyse, la solitude et le rapport à la contingence sont également dépliés ici.

Plusieurs textes théoriques développent la jonction de la jouissance phallique à cette Autre hors borne, que Jacques-Alain Miller qualifia de véritable jouissance, en tant que véritablement Autre à l’être parlant. Ce numéro s’intéresse aussi à la manière dont les analystes postfreudiens ont cherché une spécificité féminine différente de la logique phallique, que ce soit dans le dit masochisme féminin, la frigidité ou même la mystique devant laquelle Freud recula, là où Lacan a su reconnaître un savoir sur une expérience du corps.

Ici, il n’y a nul abord essentialiste à parler des « femmes » : « La nature n’existe pas », comme le souffle Lacan à François Regnault dans le beau texte que nous publions de lui. Pour preuve les entretiens avec une performeuse queer qui nous explique l’urgence d’aborder la question du genre de pair avec celle des immigrés en Europe contre l’infamie de la montée des extrêmes droites réactionnaires et totalisantes. Il est certain que ces mouvements haïssent le féminin, car celui-ci implique toujours une subversion des normes, et il est à noter qu’il arrive encore qu’une psychanalyse loin de l’orientation de Lacan, se laisse ranger du même côté par ces mouvements.

Les incidences dans le lien social et dans les discours de la logique féminine sont donc ici questionnées, à l’heure où l’on constate que le féminisme de quatrième génération et le post-féminisme ont débouché sur le développement des études queer dans les départements universitaires d’Outre-Manche et d’Outre-Atlantique. Ce qui est remarquable et absolument inédit dans l’histoire des féminismes, c’est le fait qu’on ne s’intéresse plus au féminin proprement dit, au-delà du fait qu’on ne saurait plus le définir. L’exigence de la parité, le langage inclusif ont poussé vers une égalité certainement ininterrogeable sur le plan démocratique, mais qui ont aussi eu pour effet la dévaluation du féminin, en lui ôtant ce qu’il pouvait avoir d’altérité. Un féminisme ainsi vidé du féminin, parce que complètement retourné, semble avoir envahi l’ensemble des discours, ouvrant à l’extension d’une jouissance affranchie de toutes normes issues du genre et du patriarcat. Faut-il voir dans ce fait nouveau ce qui expliquerait le retour féroce de la haine du féminin proprement dit ? Retour qui ne cesse d’être paradoxal parce que produit par le triomphe même de l’extension de la logique féminine à l’ensemble des discours sur les femmes. Ainsi avec les discours pro-vie Outre-Atlantique, la résistance au mariage homosexuel et aux transformations de la famille on constate, c’est connu, un mépris profond du radicalement Autre.

Le xénofeminisme [2], dernier rejeton du cyberféminisme, propose une abolition décidée des derniers semblants qui restent en place. Les universaux absolus et l’ordre patriarcal, les normes de tout genre et particulièrement de genre, le binarisme et l’essentialisme anatomique sont attaqués, ce que déplie ici pour nous Anne-Emmanuelle Berger. Ce qui peut étonner, c’est que ces semblants pourraient être les mêmes que ce que le dernier enseignement de J. Lacan permet d’atteindre par ricochet – aussi bien que les romans de Virginie Despentes, relus dans ce numéro. À la différence près que la dénonciation de toute politique identitaire postmoderne et la subversion de l’ordre moral renvoient les êtres parlants, une fois désidentifiés et délestés de tout Idéal, à leur mode de jouissance sexuel. La psychanalyse se fait une autre idée de ce qu’est la jouissance.

Si la jouissance féminine a tendance à se généraliser à l’ensemble de l’expérience de l’être parlant, il n’est pas permis à la psychanalyse de tenir une position conservatrice ou rétrograde, au risque de devenir réactionnaire. « Chaque analyste est forcé de réinventer la psychanalyse » nous dit Lacan dans la conclusion du IXe Congrès de l’École Freudienne de Paris, dans le contexte de la dissolution, que nous publions ici. Savoir faire avec ce nouveau régime de jouissance, produire la lettre qui, dans le littoral entre le savoir et la jouissance, permet de faire bord avec l’indicible de celle-ci – comme l’exprime merveilleusement bien Chantal Thomas dans ses romans, en dialogue ici avec LCD – devient alors le défi majeur auquel une bonne partie des textes de ce numéro répondent par avance.

rzrurz

[1]. Lacan J. Le Séminaire, livre XX, Encore, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil,1975, p. 79.

[2]. Hester H., Xenofeminism, London, Polity Press, 2018.

 


Poids 0.397 kg
Auteur

Éditeur

,

Date de publication

octobre 2019

Nombre de pages

208

EAN

9782374710235

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