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Commencements en analyse

La Cause du désir n° 117 – Septembre 2024

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Éditorial:

Prendre le temps des commencements

La psychanalyse n’en est pas à ses commencements, elle n’a rien, comme le disait Lacan en 1967, d’un « nourrisson [1] ». Freud avait d’ailleurs pris la peine d’en rédiger solennellement (et rétrospectivement) l’acte de naissance, ouvrant son « Petit abrégé de psychanalyse » par cette déclaration : « La psychanalyse est pour ainsi dire née avec le xxème siècle ; la publication par laquelle elle se présente au monde comme quelque chose de nouveau, mon Interprétation du rêve, porte la date de 1900 [2] ».

En faisant coïncider la publication de la Traumdeutung avec le passage d’un siècle ancien à un autre, tout neuf, Freud nous l’indiquait donc d’emblée : la psychanalyse s’inaugure d’un acte. Ainsi, le candidat à l’analyse s’aperçoit-il que le fait de s’adresser à un analyste ne signifie pas pour autant que le travail a commencé. Il lui faut pour cela adopter l’énonciation analytique, consentir au fait que « ce que je dis, même si je ne le prends pas à mon compte, soit malgré tout versé à mon compte, disons au compte de mon inconscient [3] ».

L’acte est donc bien présent à l’entrée : celui du patient qui franchit le seuil de l’analyse, celui de l’analyste qui, comme le dira Lacan dans ses « Conférences et entretiens dans des universités nord-américaines », le fait « entrer par la porte », s’assurant qu’il y a bien pour lui « une véritable demande » [4], laquelle est toujours singulière. Aussi, malgré un siècle de pratique de la psychanalyse, nul protocole n’est venu baliser « Le début du traitement [5] ». Car si « une analyse ne ressemble à aucune autre » et ce, « dès son commencement » [6], c’est donc bien au pluriel qu’il faut envisager celui-ci.

Un pluriel, soulignons-le, qui relève d’une éthique dès lors qu’il s’agit, à chaque fois, d’accueillir la singularité du symptôme. Prendre le temps des commencements, c’est déjà suivre l’exemple de Freud qui remettait constamment sa Traumdeutung sur le métier, lui consacrant pas moins de huit éditions de son vivant. Mais c’est aussi – et avant tout – veiller au maintien du discours analytique, un siècle après sa découverte.

France Jaigu est psychanalyste, membre de l’École de la Cause freudienne.

[1] Lacan J., Le Séminaire, livre xv, L’Acte psychanalytique, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 2024, p. 17.

[2] Freud S., « Petit abrégé de psychanalyse », Résultats, idées, problèmes, t. ii, 1921-1938, Paris, PUF, 1985, p. 97.

[3] Miller J.-A., « Au commencement était le transfert », Ornicar ?, no 58, mai 2024, p. 192.

[4] Lacan J., « Conférences et entretiens dans des universités nord-américaines », Scilicet, no 6 / 7, Paris, Seuil, 1976, p. 32.

[5] Cf. Freud S., « Le début du traitement », La Technique psychanalytique, Paris, PUF, 1997, p. 80-104.

[6] Miller J.-A., « Au commencement était le transfert », op. cit., p. 188.

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Sommaire :

Éditorial

7          Prendre le temps des commencements, France Jaigu

9          L’orientation lacanienne

11        Les aventures de la cause, Jacques-Alain Miller

27        Commencements en analyse

28        « Ma chère, c’est une mise à l’épreuve », Esthela Solano-Suarez

37        Relire aujourd’hui « Le début du traitement » de Sigmund Freud, Laurent Dupont

47        Les entretiens préliminaires revisités, Yves Vanderveken

53        Première épreuve, Sophie Gayard

58        Préliminaires à toute entrée possible en analyse, Damien Guyonnet

65        Commencement et logique de savoir, Hélène Bonnaud

72        Le réel d’une histoire, Alice Delarue

78        « J’ai décidé de vous faire une place en analyse » : de la recherche d’une cause à se faire à l’être qu’on est, Myriam Chérel

87        Rêves de transfert, Isadora Escossia

93        La demande de l’enfant, Angèle Terrier

99        Clinique

101      Écouter pas… tout, Sylvie Berkane Goumet

105      Entretiens préliminaires, Isabelle Magne

109      « Avoir du temps pour vivre », Ariane Chottin

114      Partir perdante, Nathalie Jaudel

119      « Livre ! » l’impératif du verbe, Clotilde Leguil

123      Consentir à l’analyse, Ricardo Schabelman

 127      États de la psychanalyse

128      Recommencements à Berlin, Natalie Wülfing

137      L’entretien

138      « Ça va pas le faire ! », Marie-Hélène Brousse

155      Sur la passe

156      Précarité et certitude de la fin, Véronique Pannetier

167      Dé-mon-tré, Omaïra Meseguer

175      Bibliothèque

183      Thinking With Your Eyes

184      Au commencement était L’Origine ?, Gérard Wajcman

Poids 0.390 kg
Auteur

Éditeur

,

Date de publication

Septembre 2024

Nombre de pages

196

EAN

9782374710617

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