Présentation :
Antisémitisme, une lecture psychanalytique
Pourquoi l’antisémitisme ? La lecture psychanalytique est essentielle pour déchiffrer ce phénomène récurrent. S’appuyant sur les écrits de Freud et Lacan, cet ouvrage permet de saisir une logique de la haine du Juif et produit ainsi un savoir analytique qui pourrait être appliqué à d’autres formes de ségrégation et de racisme.
Ne rien vouloir savoir de la haine raciste et antisémite qui se déchaîne en toute légitimité est le signe d’une démocratie qui vacille. « Je n’en veux rien savoir »[1] est une définition du symptôme en psychanalyse. Ce qui a motivé ma recherche a été un désir de savoir, de contrer ce « Je n’en veux rien savoir » auquel chacun se confronte.
Pourquoi les Juifs sont-ils la cible d’une haine séculaire ? S’agit-il de ce qu’ils font ? De ce qu’ils sont ? Ce que signifie « être Juif » est-il la cause de cette haine ? Comment se met elle en place ? Autrement dit quels sont les mécanismes psychiques à l’œuvre dans la haine ? Telles sont les questions qui m’ont orienté dans ce livre. L’étrange concomitance de l’invention du mot « antisémite » et du mot « psychanalyse » ne peut pas nous laisser indifférent et nous encourage vers une approche psychanalytique de l’antisémitisme.
[1] Lacan, J., Le séminaire, livre XX, Encore, texte établi par Jacques-Alain Miller, Paris, Seuil, 1975, p. 9.
Sarah Abitbol est docteure en psychanalyse, psychologue clinicienne et psychanalyste. Elle est membre de l’École de la Cause freudienne et de l’Association mondiale de psychanalyse. Elle a participé à l’ouvrage collectif La psychanalyse à l’épreuve de la guerre (sous la direction de Marie-Hélène Brousse, Paris, Berg International, 2015).
Sommaire :
Remerciements
Préface
Introduction
I. Freud
La haine, malaise dans la culture
La haine, toujours présente
La haine, pas sans le surmoi
Ce que signifie « être juif » pour Freud
La religion est une illusion : s’en passer pour s’en servir
La religion comme interdit à la pensée
La judéité, essentielle
À la recherche des causes de l’antisémitisme
Moïse envers et contre tout
La ténacité du peuple juif et son envers
Contre l’antisémitisme, les réponses de Freud
Un « monologue avec Freud » : le Moïse de Yerushalmi
II. Les disciples de Freud
Marie Bonaparte – le Juif, ennemi intérieur, ennemi extérieur
Ernst Jones – nez hittite ou peuple élu
Les facteurs de l’antisémitisme
Propositions pour l’avenir
Béla Grunberger – une obéissance au surmoi
L’antisémitisme comme réparation d’une blessure narcissique
Le Juif comme solution au conflit œdipien
Rudolph Loewenstein – se libérer du surmoi
Le fantôme juif comme cause de la judéophobie
Des antisémites sur le divan
L’antisémitisme religieux, une révolte conte le surmoi
Les chrétiens et les Juifs, un couple culturel
III. Lacan
Moïse avec Lacan
Moïse et les lois de la parole
Moïse et la castration
Moïse et le culte du Un
La haine est une passion de l’être
L’être-haïr
La haine comme effacement du nom
Un rapport véridique au réel
Les ressorts de la ségrégation : racisme et antisémitisme
Lecture de la « Proposition du 9 octobre 1967 »
Le pas-tout, une réponse à la ségrégation
Le Juif, la femme et la psychanalyse en extension
Le racisme est le rejet de la jouissance de l’Autre
L’antisémitisme à la lumière de l’objet
L’objet a
La circoncision
La livre de chair
Une lecture logique de la question juive
IV. Et aujourd’hui ?
L’antisémitisme dans la langue
Les énoncés antisémites
L’antisionisme
Cherchez Israël, cherchez la femme
L’instant 45, l’Europe Judenrein
Israël, une dialectique entre le particulier et l’universel
L’antisionisme, un antisémitisme ?
Israël au sein des nations. « On la dit-femme, on la diffâme. »
Conclusion
Annexes
Bibliographie
