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Signé Babel

Et si les malentendants ne connaissaient pas le malentendu ? Le signe pourrait-il sceller l’harmonie entre les sexes ?



 

Signer,

un film documentaire

réalisé en 2018 par Nurith Aviv

 


Chaque film de Nurith Aviv nous fait éprouver ce qu’est la langue, dans sa familiarité et dans son étrangeté.

Nous voici cette fois plongés dans l’univers peu connu de la langue des signes. Langue maternelle, traduction, transmission.., « Signer » élargit « notre perception des langues humaines ».


 

 

 

Signé Babel

Dans son film documentaire Signer, Nurith Aviv explore les langues des signes. L’enquête est incarnée : les témoignages qu’elle recueille nous plongent au cœur du vivant de la langue intime, singulière, celle qui résonne dans le corps.

Sourd à la parole, le parlêtre serait-il exempt de ses effets de jouissance ? Nous pourrions nous prendre à rêver que le signe, se corporisant, déconsiste du côté du symbolique, qu’il ne fasse pas entrave au rapport à l’autre.

En effet, selon Lacan, la zizanie structurale entre les partenaires, leurs disjonctions s’instaurent de la parole. Sans elle, le commerce entre mâle et femelle coulerait-il de source ? Les malentendants ne connaîtraient-ils pas le malentendu ?

Avec Signer, Nurith Aviv éclaire ces questions : le signe a le statut d’un signifiant, la langue des signes n’est pas univoque, elle n’est exempte ni de grammaire ni de syntaxe, mais c’est une grammaire du corps : les articulateurs logiques entre les signes se localisent, par exemple, dans l’expression du visage.

Nous devons donc renoncer à l’idée que les sourds et malentendants accèdent à une relation sans malentendu, mais Nurith Aviv fait entendre la nécessité accrue de soigner l’échange, de faire entendre leur singularité à ceux qui parlent une autre langue.

Sylvie Goumet

 


L’avis d’Éric Laurent

« C’est un film passionnant. Superbe comme toujours. Le regard compte d’autant plus que la voix est traitée de façon si spéciale. Ce film m’a fait voir une jouissance de la voix dont je n’avais qu’une idée trop vague. La voix des sourds lorsqu’ils signent. […]

Voir ce son, c’est la révélation d’un évènement de corps inouï. […] On pourrait dire que c’est le corps dans toute sa surface qui est mobilisé. Le langage, dans son intention de signification, y fait impact. Aussi l’accent mis dans le film sur le jeu de tout le corps, de « la grammaire des corps » comme le dit la linguiste Wendy Sandler, est très important. »

Dans le Séminaire III, Lacan « déconnecte la voix ou le signe d’avec le sensorium, c’est pour séparer « l’instance de la lettre » de la phonè et de la vision. La voix aphonique de l’hallucination est une voix, mais ce n’est pas une phonè. C’est une voix plus proche du geste, ou de l’écriture, une écriture qui a lieu dans le corps. »

(« Lacan Quotidien » n° 769 et n° 773)

 

Rencontre entre Eric Laurent et Nurith Aviv, 22 mars 2018

Lire le dialogue entre la réalisatrice et Eric Laurent paru dans Lacan Quotidien 773 (avril 2018) : « Du signe. Dialogue sur le film Signer de Nurith Aviv

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