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Quand le réel force les idées reçues

Anna, trois ans, « absorbée par ses chaussures neuves avec fermeture velcro » est « toujours en silence, puissante en silence ».  Comment accueillir ce réel qu’est le silence de sa fille, dans l’écriture et dans la vie ? Suivant l’enquête menée par Juan Pablo Lucchelli sur la prise en charge de l’autisme, le lecteur est convoqué au coeur d’un débat clinique, éthique et politique très vif.

 


Autisme, quelle place pour la psychanalyse ?

Juan Pablo Lucchelli

Préface de Jean-Claude Maleval

Postface d’Ariane Giacobino

Éd. Michèle, 2018.

 

Le livre de Juan Pablo Lucchelli s’ouvre sur un portrait : Anna, trois ans, « absorbée par ses chaussures neuves avec fermeture velcro », toute à ses manipulations et ses circuits, puis soudain immobile et comme clouée au sol, est « toujours en silence, puissante en silence ».

Les échelles d’évaluation la disent atteinte d’un « trouble envahissant du développement », mais n’indiquent pas comment accueillir ce réel qu’est le silence de sa fille. Anna tire à son père un texte magnifique, qui tente de serrer en vain l’enfant en son mutisme.

Ce réel qui résiste à l’écriture défait les certitudes et les clivages établis. Quelles théories pour en rendre compte, et quelles pratiques pour l’entamer ? J. P. Lucchelli, psychiatre et psychanalyste, questionne d’abord sans complaisance la psychanalyse dans son abord de l’autisme. Quels ajustements théoriques et cliniques la pratique avec des sujets autistes a-t-elle imposés ? En a-t-on tiré tous les enseignements concernant la spécificité de l’autisme ? Et a-t-on distingué sérieusement autisme et psychose ?

Dénoncant les pratiques de rééducation comportale intensive, Lucchelli met ensuite en regard les approches qui s’attachent à soutenir une logique propre de l’autisme, hors d’une perspective déficitaire – notamment celles de J.-C. Maleval et de L. Mottron. Partant de postulats sans commune mesure, psychanalyse et cognitivisme parviennent ici à des préconisations très proches en matière de prises en charge. C’est le signe, pour Lucchelli, d’un savoir travaillé par le même réel, qui tient compte de la manière dont les autistes s’accrochent au monde via des objets ou des intérêts restreints.

Polémique, déroutant parfois, mais rigoureux, l’ouvrage convoque le lecteur au cœur d’un débat clinique, éthique et politique d’une actualité vive. Il se fait plaidoyer pour des modalités d’intervention qui tiennent compte des investissements autistiques, dont l’émergence, toujours, dépend de « choix » et de « rencontres » contingentes.

Claire Brisson

 

 

 

 

 

 

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