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Le pari de l’invention

Letterina, n°65 – ACF Normandie

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UGS : Lttrna-65-Invention Catégories : , , Étiquettes : , ,

LIMINAIRE

Actuellement, dans les institutions, le cadre est déclaré thérapeutique à condition qu’il soit le même pour tous. « Cette idée, selon Alexandre Stevens, se fonde sur une sorte de justice distributive où tous doivent être soumis à la même loi de la même manière1. » Le savoir est ainsi placé chez l’Autre qui sait ce qui est bon pour tous avec mise en place de bonnes procédures, protocoles de soins, déterminés à partir d’une évaluation initiale sur les possibilités d’adaptation d’un sujet dans son milieu social, pour tendre vers la production de comportements adaptés en termes d’éducation ou de rééducation.

Lacan a choisi de s’orienter vers la singularité du désir, contre l’universalité de la loi paternelle, contre le « tous pareils » en institution, introduisant une autre logique, féminine, celle du pas-tout. Ce une par une rend compte de la singularité du sinthome et convoque une pratique qui met le savoir du côté du sujet et « permet la recherche de solutions singulières à partir des inventions de chaque sujet2 ». Si la psychanalyse doit réinventer la psychanalyse à chaque cure, il s’agit d’inventer, sur ce même modèle, une institution pour chaque sujet, souligne encore Alexandre Stevens, Directeur du Courtil. Lors de son passage en Normandie3, Véronique Mariage est venue témoigner de cette invention au quotidien4 à partir du film de Mariana Otero A ciel ouvert. Elle nous a permis de mieux saisir l’importance de l’infime détail dans cette clinique résolument tournée vers l’accueil du sujet dans son ultime différence, le recevoir du côté de sa réponse avec ce qui de sa propre histoire ne cesse pas de ne pas s’écrire. « L’invention, écrit Dominique Holvoet, est à situer entre découverte et création, entre ce qui se découvre car déjà là et ce qui se crée à partir de rien5. » Jacques-Alain Miller6 donne à l’invention valeur de bricolage à partir de débris de langage qui ont marqué le sujet, à partir de matériaux déjà existants.

Ce qui fait la différence de la pratique analytique avec toute autre pratique, c’est de faire une place à ces tentatives comme autant d’inventions du sujet qui n’attend que la sanction de l’Autre pour exister. Si le Courtil met l’invention au quotidien, d’autres praticiens dans d’autres institutions, notamment de notre région, ont pu également déposer le travail de petits sujets mobilisés, chacun à leur façon, dans cet effort du bien-dire. Pour ce faire, certaines institutions ont interrogé leur pratique, appelé des formations, d’autres sont nées pour accompagner ces inventions tant auprès des enfants que de leurs parents, autant de témoignages que vous trouverez dans ce numéro 65. Jusqu’où la psychanalyse peut-elle ainsi proposer son savoir-faire, faire le pari de l’invention ? Nous nous arrêterons également sur sa place dans ces lieux fermés que sont les prisons pour que de l’injonction de soins advienne un sujet. Quelle argumentation7 peut-elle introduire, interroge Francesca Biagi-Chai, pour sensibiliser l’autre social à la langue de l’autre de la psychose notamment, pour qui l’invention est une nécessité et dont l’échec peut conduire au pire ?

Multiples trouvailles, multiples bricolages… Cette créativité, il importe de l’orienter vers l’École, ses ACF, constituer des points de convergences que sont les Journées, les séminaires cliniques, les colloques, les écrits, les travaux et objets d’études pour qu’à la multiplication des singularités s’oppose la convergence d’une orientation qui engage notre responsabilité, interroge notre praxis, questionne nos outils et les règles de nos institutions. Cette politique lacanienne est également à réinventer en permanence, à ajuster au discours ambiant de notre monde contemporain…

Parier sur l’invention, n’est-ce pas ce dont atteste Vincent Van Gogh dans ses Lettres à son frère Théo  ? Quelques extraits de ces lettres viendront jalonner notre lecture de ce numéro 65 aux couleurs d’été, du jaune à l’orange intense, reflet de la palette du peintre. Si « Vincent, écrit-il, cache quelque chose qui ne peut voir la lumière8 », c’est en étudiant les lois de la couleur, « une sorte de gymnastique, pour monter et descendre dans les tons9 » qu’il en déduit comment dans le tableau « on peut arriver à y mettre de la vie10 »…

Lydie Lemercier-Gemptel

Notes :
1 Stevens A., « Du féminin en institution », Mental n° 31, avril 2014, p. 31.
2 Stevens A., « Du féminin en institution », Mental n° 31, avril 2014, p. 31.
3 Mariage V., « L’invention au quotidien au Courtil et dans les institutions », conférence du 4 octobre 2014 organisée par M.-H. Doguet-Dziomba et S. Dziomba, Le Havre.
4 Otero M., Brémond M., A ciel ouvert, entretiens, Le courtil, l’invention au quotidien, Buddy Movies, Paris, 2013.
5 Holvoet D., « L’enfant créateur ? », Psychanalyse et institution, Courtil en ligne, morceaux choisis, Novembre 2013, p. 166.
6 Miller J.-A., « L’invention psychotique », Quarto n° 80/81, p. 6.
7 En référence à l’ouvrage de Francesca Biagi-Chai, Le cas Landru à la lumière de la psychanalyse, Une biographie éclairée par le réel, Paris, Imago, 2007.
8 Van Gogh V., Lettres à son frère Théo, Paris, Les Cahiers Rouges, Bernard Grasset, 1937, p. 77.
9 Van Gogh V., ibid., p. 160.
10 Van Gogh V., ibid., p. 159.

Pour vous procurer Letterina, vous abonner… »


SOMMAIRE

- Liminaire, Lydie Lemercier-Gemptel

Psychanalyse et institution
- Donner sa chance à l’invention, Jean-Pierre Rouillon
- Une institution au bout du monde, Nathalie Hervé-Diop
- Le « temps logique » et « l’esprit de la psychanalyse » en institution, Philippe Lemercier
- Du Nom-du-Père au sinthome, Salima Diallo-Sakho
- Le Café des parents, associations libres et libres associations, Philippe Lemercier
- Les inventions d’un père, Aurore C. du Café des parents
- Laisser entendre, Mariana Alba de Luna
- L’invention au quotidien au Courtil, conversation avec Véronique Mariage

L’invention au singulier
- Petites considérations sur l’invention, Marie-Hélène Doguet-Dziomba et Serge Dziomba
- Une pratique qui s’inter-prête à l’initiative, Philippe Lacadée
- Construire un bord à plusieurs, l’accueil d’Emmanuel et de son invention à l’IMP Le Moulin Vert, David Coto, Marie-Hélène Pottier, Marie-Annick Dion, Élise Bertocchi, Bastien Le Gal, avec Véronique Mariage
- Le cas Phil : la complexification d’une invention, Marie-Hélène Doguet-Dziomba, Céline Schoubert, Isabelle Baron
- Interpréter Mathis en institution, Carole Gesnouin, Estelle Planson
- Pierrot ou le branchement par la terre, Sophie Carré-Gosse

De l’injonction de soins au pari de l’invention
- De la responsabilité pénale à la responsabilité subjective, une discontinuité source de confusion, Fabien Grasser
- Du soin libre à l’injonction de soins, José Rambeau
- « Français, encore un effort ! », Francesca Biagi-Chai

Vers l’École-Une
- Politiques de la psychanalyse, Bertrand Lahutte
- Au pays de Lugubrie, Marie Izard-Delahaye
- Le cartel, vers une autre écriture, Lydie Lemercier-Gemptel

Extraits
- Petit traité d’Antoinologie, tribulations d’une AVS auprès d’un enfant autiste, Marie-Annick Dion

Kiosque
- Pasolini d’Abel Ferrara ou la banalité de l’insupportable, Fabrice Bourlez

 

Illustration de
Delphine Boeschlin.

Poids 0.510 kg
Auteur

Éditeur

Date de publication

2015

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