MON PANIER

    Pour affiner la recherche, utilisez les filtres ci-dessus 

Faire résonner le réel

Le hors-sens de la poésie touche au réel. Voilà pourquoi la poésie permet l’interprétation.

 


L’interprétation à l’œuvre. Lire Lacan avec Ponge, Pierre Malengreau, Éd. La Lettre volée

 

Le hors-sens de la poésie touche au réel. C’est pourquoi Lacan écrit : « Il n’y a que la poésie qui permette l’interprétation. »

Le texte de Pierre Malengreau se consacre à le démontrer. Sur les pas du poète, il revisite les conséquences du dit de Lacan en ces termes : au-delà du sens, « les interprétations qui opèrent [permettent] de lire autrement l’écriture fondamentale qui localise les traces laissées par les premières rencontres avec la jouissance[1] »

 

 

Nous voici introduits dans l’univers poétique de Francis Ponge, explorant lui-même l’atelier de peintres et sculpteurs. Une réflexion en abîme certes, mais avec un fil conducteur indéfectible : il en va de la parole comme de la peinture ou de la sculpture[2]. En évoquant Chardin, Fautrier, Braque, Giacometti ou Picasso, le poète « s’intéresse à la transformation poétique de la chose [et fait surgir] ce que l’œuvre a de plus inattendu, de plus opaque, de plus réel[3] ». Il interprète la création de chacun, non avec les outils propres à l’artiste (formes, couleurs) mais au filtre de la langue. Il démontre ainsi comment le geste de l’artiste, sa technique, son travail de la matière ont un rapport avec la langue et lui permettent de toucher au réel.

 

Quant au psychanalyste, avec finesse, il sonde l’écriture singulière du poète. Il nous invite à entendre quelque effet de réson – terme emprunté à Francis Ponge par Lacan. Tandis que la raison nous invite à comprendre, à nous repaître de sens, la réson, qui joue de la matérialité de la langue, introduit « du vide ou un trou dans le sens ». C’est de réson qu’use la psychanalyse, et non de raison ; loin de viser une compréhension, une transparence à soi-même, la cure analytique dévoile qu’un « peu de savoir-faire avec ce qui n’a pas de sens suffit » pour introduire « un espace de respiration » et « desserrer l’écriture du symptôme ».

Sylvie Goumet

 

[1]. p. 235

[2]. p. 234.

[3]. p. 30-31.

Loading...

En continuant à utiliser le site, vous acceptez l’utilisation des cookies. Plus d’informations

Les paramètres des cookies sur ce site sont définis sur « accepter les cookies » pour vous offrir la meilleure expérience de navigation possible. Si vous continuez à utiliser ce site sans changer vos paramètres de cookies ou si vous cliquez sur "Accepter" ci-dessous, vous consentez à cela.

Fermer